Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/248

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— C’est bien, dit Poëri, tu seras ma femme ; en attendant, reste ici, car le Pharaon, sans doute amoureux de toi, te fait chercher par ses émissaires ; il ne te découvrira pas sous cet humble toit, et dans quelques jours nous serons hors de sa puissance. Mais la nuit s’avance, il faut que je parte.

Poëri s’éloigna, et les deux femmes, couchées l’une près de l’autre sur le petit lit, s’endormirent bientôt, se tenant par la main comme deux sœurs.

Thamar, qui pendant la scène précédente s’était tenue blottie dans un coin de la chambre comme une chauve-souris accrochée à un angle par les ongles de ses membranes, marmottant des paroles entrecoupées et contractant les rides de son front bas, déplia ses membres anguleux, se dressa sur ses pieds, et, se penchant vers le lit, écouta la respiration des deux dormeuses. Lorsqu’à la régularité de leur souffle elle fut convaincue que leur sommeil était profond, elle se dirigea du côté de la porte, suspendant ses pas avec des précautions infinies.

Arrivée dehors, elle s’élança d’un pas rapide dans la direction du Nil, secouant les chiens qui se suspendaient par les dents aux bords de sa tu-