Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/266

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main la grossière étoffe qui glissait, et tout le haut de son corps charmant apparaissait dans sa blancheur dorée. Quand elle était parée, on pouvait regretter la place qu’occupaient ses gorgerins, ses bracelets et ses ceintures en or ou en pierres de couleur ; mais, à la voir privée ainsi de tout ornement, l’admiration se rassasiait ou plutôt s’exaltait.

Certes, beaucoup de femmes très belles étaient entrées dans le gynécée de Pharaon ; mais aucune n’était comparable à Tahoser, et les prunelles du roi dardaient des flammes si vives qu’elle fut obligée de baisser les yeux, n’en pouvant supporter l’éclat.

En son cœur Tahoser était orgueilleuse d’avoir excité l’amour de Pharaon : car quelle est la femme, si parfaite qu’elle soit, qui n’ait pas de vanité ? Pourtant elle eût préféré suivre au désert le jeune Hébreu. Le roi l’épouvantait, elle se sentait éblouie des splendeurs de sa face, et ses jambes se dérobaient sous elle. Pharaon, qui vit son trouble, la fit asseoir à ses pieds sur un coussin rouge brodé et orné de houppes.

« Ô Tahoser, dit-il en la baisant sur les cheveux, je t’aime. Quand je t’ai vue du haut de mon palanquin de triomphe porté au-dessus du front