Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/282

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sion, j’attendrai que tu m’aimes comme si je n’étais qu’un homme. Écarte toute crainte ; sois une femme avec ses volontés, ses sympathies, ses antipathies, ses caprices ; je n’en ai jamais vu ; mais si ton cœur parle enfin pour moi, pour que je le sache, tends-moi, quand j’entrerai dans ta chambre, la fleur de lotus de ta coiffure. »

Quoi qu’il fit pour l’empêcher, Tahoser se précipita aux genoux du Pharaon et laissa tomber une larme sur ses pieds nus.

« Pourquoi mon âme est-elle à Poëri ? » se disait-elle en reprenant sa place sur son siège d’ivoire.

Timopht, mettant une main à terre et l’autre sur sa tête, pénétra dans la chambre :

« Roi, dit-il, un personnage mystérieux demande à te parler. Sa barbe immense descend jusqu’à son ventre ; des cornes luisantes bossellent son front dénudé, et ses yeux brillent comme des flammes. Une puissance inconnue le précède, car tous les gardes s’écartent et toutes les portes s’ouvrent devant lui. Ce qu’il dit, il faut le faire, et je suis venu à toi au milieu de tes plaisirs, dût la mort punir mon audace.

— Comment s’appelle-t-il ? » dit le roi.

Timopht répondit : « Mosché. »