Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/288

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aspect formidable et mystérieux, la tête rasée, chaussés de souliers de byblos, vêtus de longues robes de lin, tenant en main des bâtons gravés d’hiéroglyphes : ils étaient jaunes et desséchés comme des momies, à force de veilles, d’études et d’austérités ; les fatigues des initiations successives se lisaient sur leurs visages, où les yeux seuls semblaient vivants.

Ils se rangèrent en ligne devant le trône de Pharaon, sans faire même attention au serpent qui frétillait, rampait et sifflait.

« Pouvez-vous, dit le roi, changer vos cannes en reptiles comme vient de le faire Aharon ?

— Ô roi ! est-ce pour ce jeu d’enfant, dit le plus ancien de la bande, que tu nous as fait venir du fond des chambres secrètes, où, sous des plafonds constellés, à la lueur des lampes, nous rêvons, penchés sur des papyrus indéchiffrables, agenouillés devant les stèles hiéroglyphiques aux sens mystérieux et profonds, crochetant les secrets de la nature, calculant la force des nombres, portant notre main tremblante au bord du voile de la grande Isis ? Laisse-nous retourner, car la vie est courte, et à peine le sage a-t-il le temps de jeter à l’autre le mot qu’il a saisi ; laisse-nous retourner à nos travaux ; le premier