Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/304

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recouvre que le néant de son énorme mystère. »

Comme Pharaon refusait toujours de laisser partir les Hébreux, tout le bétail des Égyptiens fut frappé de mort ; les Israélites n’en perdirent pas une seule tête.

Un vent du sud s’éleva et souffla toute la nuit, et lorsqu’au matin le jour parut, un immense nuage roux voilait le ciel d’un bout à l’autre ; à travers ce brouillard fauve, le soleil luisait rouge comme un bouclier dans la forge, et semblait dépouillé de rayons.

Ce nuage différait des autres nuages ; il était vivant, il bruissait et battait des ailes, et s’abattait sur la terre non en grosses gouttes de pluie, mais en bancs de sauterelles roses, jaunes et vertes, plus nombreuses que les grains de sable au désert libyque ; elles se succédaient par tourbillons, comme la paille que disperse l’orage ; l’air en était obscurci, épaissi ; elles comblaient les fossés, les ravines, les cours d’eau, éteignaient sous leurs masses les feux allumés pour les détruire ; elles se heurtaient aux obstacles et s’y amoncelaient, puis les débordaient. Ouvrait-on la bouche, on en respirait une ; elles se logeaient dans les plis des vêtements, dans les cheveux, dans les narines ; leurs épaisses colonnes faisaient