Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/310

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mer des Algues, évitant les peuplades qui eussent pu s’opposer à leur passage.

Les tribus l’une après l’autre défilèrent devant la statue de cuivre fabriquée par les magiciens, et qui a le pouvoir d’arrêter les esclaves en fuite. Mais cette fois le charme, infaillible depuis des siècles, n’opéra pas ; l’Éternel l’avait rompu.

L’immense multitude s’avançait lentement, couvrant l’espace avec ses troupeaux, ses bêtes de somme chargées des richesses empruntées aux Égyptiens, traînant l’énorme bagage d’un peuple qui se déplace tout d’un coup : l’œil humain ne pouvait atteindre ni la tête ni la queue de la colonne se perdant aux deux horizons sous un brouillard de poussière.

Si quelqu’un se fût assis sur le bord de la route pour attendre la fin du défilé, il aurait vu le soleil se lever et se coucher plus d’une fois : il en passait, il en passait toujours.

Le sacrifice à l’Éternel n’était qu’un vain prétexte ; Israël quittait à jamais la terre d’Égypte, et la momie d’Yousouf, dans son cercueil peint et doré, s’en allait sur les épaules des porteurs qui se relayaient.

Aussi Pharaon entra dans une grande fureur,