Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/55

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riques des divinités funèbres accomplissant leurs fonctions sacrées. Barques et personnages étaient peints de couleurs vives, et sur les deux joues de la proue relevée en bec comme la poupe, s’ouvrait le grand œil osirien allongé d’antimoine ; un bucrane et des ossements de bœuf semés ça et là témoignaient qu’une victime avait été immolée pour assumer les mauvaises chances qui eussent pu troubler le repos du mort. Des coffrets peints et chamarrés d’hiéroglyphes étaient placés sur le tombeau ; des tables de roseau soutenaient encore les offrandes funèbres ; rien n’avait été touché dans ce palais de la Mort, depuis le jour où la momie, avec son cartonnage et ses deux cercueils, s’était allongée sur sa couche de basalte. Le ver du sépulcre, qui sait si bien se frayer passage à travers les bières les mieux fermées, avait lui-même rebroussé chemin, repoussé par les âcres parfums du bitume et des aromates.

« Faut-il ouvrir le sarcophage ? dit Argyropoulos après avoir laissé à Lord Evandale et à Rumphius le temps d’admirer les splendeurs de la salle dorée.

— Certainement, répondit le jeune lord ; mais prenez garde d’écorner les bords du couvercle en introduisant vos leviers dans la jointure, car je