Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/79

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du corps et le découragement de la passion ; on y pouvait deviner aussi l’ennui lumineux de l’éternel azur, l’indéfinissable accablement des pays chauds.

En longeant cette muraille, l’esclave, oubliant le fouet du maître, suspendait sa marche et s’arrêtait pour aspirer, l’oreille tendue, ce chant imprégné de toutes les nostalgies secrètes de l’âme, et qui le faisait songer à la patrie perdue, aux amours brisées et aux insurmontables obstacles du sort.

D’où venait-il, ce chant, ce soupir exhalé à petit bruit dans le silence de la ville ? Quelle âme inquiète veillait, lorsque tout dormait autour d’elle ?

La façade du palais, tournée vers une place assez vaste, avait cette rectitude de lignes et cette assiette monumentale, type de l’architecture égyptienne civile et religieuse. Cette habitation ne pouvait être que celle d’une famille princière ou sacerdotale ; on le devinait au choix des matériaux, au soin de la bâtisse, à la richesse des ornements.

Au centre de la façade s’élevait un grand pavillon flanqué de deux ailes, et surmonté d’un toit formant un triangle écimé. Une large mou-