Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/94

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II

Nofré fit un signe, pressentant une confidence ; la harpiste, les deux musiciennes, les danseuses et les suivantes se retirèrent silencieusement à la file, comme les figures peintes sur les fresques. Lorsque la dernière eut disparu, la suivante favorite dit à sa maîtresse d’un ton câlin et compatissant, comme une jeune mère qui berce les petits chagrins de son nourrisson :

« Qu’as-tu, chère maîtresse, pour être triste et malheureuse ? N’es-tu pas jeune, belle à faire envie aux plus belles, libre, et ton père, le grand prêtre Pétamounoph, dont la momie ignorée repose dans un riche tombeau, ne t’a-t-il pas laissé de grands biens dont tu disposes à ton gré ? Ton palais est très-beau, tes jardins sont très-vastes et arrosés d’eaux transparentes. Tes coffres de pâte émaillée et de bois de sycomore contiennent des colliers, des pectoraux, des gorgerins,