Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/96

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« Est-il possible, ô maîtresse, qu’un de tes caprices ne soit par réalisé sur-le-champ ? Si tu rêves d’un bijou, tu livres à l’artisan un lingot d’or pur, des cornalines du lapis-lazuli, des agates, des hématites, et il exécute le dessin souhaité ; il en est de même pour les robes, les chars, les parfums, les fleurs et les instruments de musique. Tes esclaves, de Philæ à Héliopolis, cherchent pour toi ce qu’il y a de plus beau, de plus rare ; si l’Égypte ne renferme pas ce que tu souhaites, les caravanes te l’apportent du bout du monde ! »

La belle Tahoser secoua sa jolie tête et parut impatientée du peu d’intelligence de sa confidente.

« Pardon, maîtresse, dit Nofré se ravisant et comprenant qu’elle avait fait fausse route, je ne songeais pas que depuis quatre mois bientôt le Pharaon est parti pour l’expédition de l’Éthiopie supérieure, et que le bel oëris (officier), qui ne passait pas sous la terrasse sans lever la tête et ralentir le pas, accompagne Sa Majesté. Qu’il avait bonne grâce en son costume militaire ! qu’il était beau, jeune et vaillant ! »

Comme si elle eût voulu parler, Tahoser ouvrit à demi ses lèvres roses ; mais un léger nuage de