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le second rang du collier

d’esprit qu’il sera aussi éveillé qu’une potée de souris.

S’il aimait la causerie et même les anecdotes gaies, terminées par un trait d’esprit (il s’amusait souvent à en conter lui-même), Théophile Gautier détestait les potins, les indiscrétions et les bavardages calomnieux. Ainsi dit-il, un jour, à une jeune amie, Mlle X… (appelée familièrement Tata), comme elle se plaignait à lui d’avoir vu mal interpréter des propos innocents qu’elle avait tenus :

— Sachez, ô Tata ! qu’il ne faut jamais dire quoi que ce soit, à qui que ce soit…

Sous l’influence d’un sentiment analogue, il improvisa ce distique à l’honneur du silence :


La parole est d’argent, mais le silence est d’or ;
La parole est un don, le silence un trésor !


Avec la chère Regina Lhomme, sa conversation était élégiaque, poétique, entremêlée de compliments et de madrigaux, mais quelquefois aussi très sérieuse : car, malgré sa douceur et son charme, l’amie avait beaucoup de fermeté dans le caractère et de gravité dans l’esprit. Elle élevait ses enfants avec méthode et les tenait sous une discipline sévère. La musique surtout était cultivée très assidûment. Alphonse, le fils aîné, jouait du violon. — Nous n’avons pas connu Théophile, dont mon père avait été parrain, et qui mourut tout enfant. — Reine, aujourd’hui Mme Paul Hillemacher, étudiait