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le second rang du collier

d’être moins dérangé. Témoin cette lettre qu’il lui écrivit un jour :

Ma chère Regina,

J’irai demain lundi chez vous dîner si cela ne vous dérange pas dans vos projets. Je vous aurais bien invitée à la maison de Neuilly, mais on n’y peut dire un mot sans être interrompu et je voudrais bien causer un peu librement avec vous puisque vous êtes seule.

Je serai très heureux de vous trouver a casa, comme disent les Italiens. Vous avez été souffrante ; moi, je n’ai pas été bien brillant non plus, mais je vais mieux.

Bien à vous de cœur,
théophile gautier

Mme  Lhomme fut certainement une des personnes à laquelle il a le plus écrit, lui qui détestait tant écrire des lettres ! Et il variait affectueusement, dans les en-tête, ce prénom de Regina qui lui plaisait : Regina felicitatis, Regina la bien nommée, Reine de bonheur, Regina cœli

Avec Alphonsine Lafitte, qu’il avait connue toujours, sa causerie avait plus de gaieté et de laisser-aller.

Quand c’était avec Mme  Ganneau, il y avait dans le discours une nuance de respect et de retenue. Il lui faisait doucement la guerre, cependant, sur son manque absolu d’égoïsme, qui la poussait à oublier presque qu’elle était femme, et des plus belles. Il la taquinait sur son absence de coquetterie, sur ses toilettes toujours sombres et d’une simplicité monacale. Il approuvait seulement la coif-