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Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/232

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le second rang du collier

zarreries. On parla quelque temps d’un tabouret assez original qu’elle avait inventé pour ne pas chiffonner en voiture, lorsqu’elle se rendait aux fêtes des Tuileries, les jupes immenses, enguirlandées et fanfreluchées, que la mode d’alors imposait aux femmes. Ce tabouret était une espèce de champignon planté au milieu du coupé : elle s’y asseyait, après qu’on avait soulevé ses jupes et ses jupons pour les laisser retomber, ensuite, tout à l’entour, en les disposant le mieux possible. Le valet de pied était exercé à cette fonction, et la princesse acceptait son aide avec une dédaigneuse impudeur.

Dans ses voyages, elle avait visité la Tunisie : à l’occasion d’une matinée que l’on préparait chez la comtesse de Castellane, le bey de Tunis lui fit présent d’un magnifique costume d’odalisque, qu’elle voulait revêtir pour figurer à cette fête, en des tableaux vivants. Comme lors du premier voyage, Théophile Gautier fut convoqué pour donner son avis et ses conseils. On lui demanda quelque chose encore. Le tableau dans lequel la belle orientale devait se montrer, nonchalamment étendue sur un divan, représenterait le Harem de Tunis ; mais l’odalisque devait reparaître dans un autre tableau et, cette fois, réciter quelques vers : elle n’en voulait point d’autres que ceux de son poète préféré. Il s’agissait de les composer, et, travail plus difficile sans doute, il fallait lui apprendre à les dire, avec