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le second rang du collier

— Dans les premiers temps de mon séjour, dit-il, ils ont essayé aussi de m’assommer, et je ne me suis fait respecter d’eux que grâce à ma force physique. Je les empoignais par la ceinture, et je les apportais, moi-même, au poste. Cela seulement leur imposa. Si vous aviez endommagé le poulain, ils n’avaient qu’à le prouver et à se faire indemniser. Mais maintenant il ne s’agit plus de cela : ils vous ont attaqués brutalement ; vous devez porter plainte et vous faire rendre justice.

Le conseil fut suivi. Dardenne de la Grangerie, que Marguerite mit au courant par une lettre circonstanciée, prit en mains le procès ; nous le gagnâmes brillamment. Nous avions exigé des excuses écrites. Elles nous arrivèrent, de la grosse écriture du maire en sabots et signées de signatures informes. Très magnanimes, nous n’avions pas exigé d’indemnité pécuniaire, ce qui enthousiasma nos agresseurs, à tel point, qu’ils proposèrent de nous porter en triomphe, si nous revenions dans le pays.

J’ai toujours gardé précieusement la petite croix d’argent, surmontée d’un poulain, que Dardenne fit fondre, à quelques exemplaires, pour les vainqueurs de ce combat mémorable.