Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/106

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— Ce serait bien singulier, dit Garileh, en se soulevant un peu.

— Les muletiers sont les grands colporteurs de nouvelles ; ils savent tout et répètent tout. Peut-être entendrons-nous quelque chose qui pourra nous être utile.

Elles se turent, tendant l’oreille.

Deux des muletiers marchaient à côté de leurs bêtes, un peu en avant de la litière ; ils causaient, d’abord à voix basse, par respect, puis, peu à peu haussant le ton sans s’en apercevoir.

— Si les Francs sont en marche, disait l’un, c’est pour massacrer et piller. Ils ne font jamais que cela.

— Ils n’étaient pas en route pour des batailles, dit l’autre. On a signalé une flotte vers la pointe de Chypre, qui, sans doute, vient de Byzance : un renfort que l’empereur envoie au roi de Jérusalem, qui est son neveu, puisqu’il a épousé sa nièce. Le roi franc va au-devant de cette flotte, qui mouillera peut-être à Latakieh : il veut protéger le débarquement. On dit qu’on a vu son avant-garde s’engager dans les gorges des montagnes.

— Pourquoi, s’ils n’ont pas quelque projet de