Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/116

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la caverne où elle était blottie avec sa compagne, si grand qu’il dépassait de la tête tous ceux qui l’attaquaient, d’une force si terrible que la nuée d’adversaires qui l’entourait ne l’avait pas encore abattu. Il portait, comme tous les chevaliers francs, la chemise de mailles et le casque conique avec le nasal massif qui masquait entièrement le visage. Il n’avait plus d’autre arme qu’un tronçon d’épée ; un pied sur le cadavre de son cheval, il se servait de la lame rompue avec tant d’adresse qu’il faisait plus de blessures encore qu’il n’en recevait. À travers les cris que poussaient ses assaillants pour l’étourdir, on distinguait le halètement rauque de sa respiration, et Gazileh était oppressée horriblement par ce souffle, pénible comme un râle, qui trahissait les derniers efforts du héros, prêt à succomber.

— Ah ! c’est lâche, dit-elle enfin, tant d’adversaires contre un seul homme…

— Puisqu’il refuse de se rendre ! dit Nahâr.

Un cavalier kurde accourut, fit tournoyer sa masse d’armes et, de haut, assomma le chevalier franc, qui tomba, tout d’une pièce, en arrière.

Gazileh s’était caché le visage, en poussant