Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/118

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garde, sa robe dans des flaques sanglantes. Elle s’agenouilla près de lui, le souleva, fit sauter le casque, bosselé et troué, à travers lequel le sang jaillissait comme d’une source.

Le chevalier était évanoui, s’il n’était mort. Sa tête roula, inerte, sur les genoux de la princesse.

— Le coffret ! Nahâr,… et qu’un des muletiers cherche de l’eau.

La voix saccadée et impérieuse ne souffrait pas de réplique ; Nahâr obéit.

Elle revint promptement, apportant de l’eau dans le seau de cuir qui servait à faira boire les mules, et, curieuse, elle se pencha vers le blessé.

— Ah ! il fait peur avec sa face toute voilée de sang, dit-elle en se rejetant en arrière.

Gazileh avait dénoué pour l’imbiber l’écharpe qui serrait sa taille, et elle baignait avec précaution le visage du chevalier.

— Vois comme le voile se déchire et s’écarte.

— Mais, c’est un tout jeune homme !… s’écria Nahâr. Je n’ai jamais vu d’aussi près un infidèle. Il est beau, n’est-ce pas ?…

— La blessure est là, au sommet du front, sous, les cheveux, béante et laissant fuir le sang à flots. Il faut l’arrêter, ce sang.