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CHEZ MONSIEUR LE MARQUIS.

coquettement, souriait d’un air de bonne humeur et de bienvenue. Des balustres pansus soutenaient l’appui des balcons. Les vitres nettes, brillantes, laissaient, à travers la scintillation du soleil levant qu’elles réfléchissaient, transparaître vaguement d’amples rideaux de riches étoffes.

Pour rompre la ligne du corps de logis central, l’architecte, habile élève d’Androuet du Cerceau, avait projeté en saillie une sorte de pavillon plus orné que le reste de l’édifice et contenant la porte d’entrée où l’on accédait par un perron. Quatre colonnes couplées d’ordre rustique, aux assises alternativement rondes et carrées, ainsi qu’on en voit dans les peintures du sieur Pierre-Paul Rubens, si fréquemment employé par la reine Marie de Médicis, supportaient une corniche blasonnée, comme la grille, des armes du marquis et formant la plate-forme d’un grand balcon à balustrade de pierre, sur lequel s’ouvrait la maîtresse fenêtre du grand salon. Des bossages vermiculés à refends ornaient les jambages et l’arcade de la porte fermée de deux vantaux de chêne curieusement sculpté et verni dont les ferrures luisaient comme de l’acier ou de l’argent.

Les hauts toits d’ardoises délicatement imbriquées et papelonnées traçaient sur le ciel clair des lignes agréablement correctes, qu’interrompaient avec symétrie de grands corps de cheminées, sculptés sur chaque face de trophées et autres attributs. De gros bouquets de plomb d’un enjolivement touffu se dressaient à chaque angle de ces toits d’un bleu violâtre, où par