Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/102

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était libre, et Volmerange l’époux de son choix ?

L’explication d’un enlèvement, d’un crime tombait d’elle-même. Aucune empreinte de pas ne se dirigeait de la terrasse à la porte vitrée, chemin qu’eussent dû prendre les malfaiteurs. Le sol, détrempé par la tempête de la nuit, eût gardé leurs traces aussi fidèlement que celles d’Edith et de Volmerange.

Un petit lambeau de mousseline, accroché au passage par une des grilles de ces artichauts de fer qui hérissent le chaperon des murs qu’on veut protéger, indiquait l’endroit par où la jeune femme s’était élancée dans la rue.

Malheureusement le pavé, souillé de boue et couvert de flaques de pluie, n’avait gardé aucun vestige des fugitifs.

La tempête de la nuit avait rendu les rues désertes de bonne heure, et personne n’avait rien vu.

— Peut-être, dit lord Harley, sont-ils allés à leur terre de Twikenham ; cependant Volmerange avait dit qu’il ne concevait rien à cette mode d’enfouir son bonheur dans la caisse d’une chaise de poste et de faire des postillons les confidents du plus pur amour. Envoyons un messager à Twikenham.

Le comte de Volmerange et sa femme n’avaient pas paru à leur château, et l’intendant n’avait reçu aucun ordre à cet égard.

Cette réponse plongea lord et lady Harley dans la plus profonde douleur ; pendant le voyage du messager, ils s’étaient fait de si beaux raisonnements pour prouver que leur fille avait été à Twiken-