Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/125

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venir avec nous sans résistance. Nous sommes cinq, tous vigoureux, tous bien armés, il n’y a pas de lutte possible. Il faut que nous exécutions les ordres qu’on nous a donnés ; au besoin, nous emploierions la force, avec tous les ménagements imaginables, car nous ne voulons vous faire aucun mal.

— Je vous suis, répondit Arundell, voyant bien qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement, et pensant, à part lui, qu’il aurait plus de chance de s’échapper une fois dehors.

La petite troupe s’engloutit successivement dans la noire ouverture où Saunders disparut le dernier, conduisant Benedict momentanément résigné.

On descendit une vingtaine de marches, et l’on arriva à la grille qui avait arrêté les projets d’évasion d’Arundell.

Là Saunders dit au lord : Je vais être obligé de vous bâillonner, ce qui me fâcherait infiniment, à moins que vous ne me promettiez, sur votre parole d’honneur, de ne point crier, de ne point appeler à l’aide ; je ne voudrais point vous museler comme un veau qui pleure sa nourrice.

Comme en définitive le résultat devait être le même, rendu muet par un bâillon ou par sa parole, Arundell promit le silence.

— Je ne vous demande pas de ne pas essayer de vous échapper, cela me regarde, dit Saunders, en remettant le bâillon dans sa poche et en tirant la clef qui devait ouvrir la grille.

Un des matelots approcha la lanterne, et la clé introduite dans la serrure rouillée par l’humidité