Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lointain un point qui s’approchait avec rapidité, se dessinant de plus en plus nettement.

— Voyez-vous apparaître quelque chose ? dit Priyamvada à Volmerange.

— Un homme, dont je ne puis encore discerner les traits, s’avance vers moi.

— Lorsque vous le verrez plus distinctement, tâchez de bien graver ses traits dans votre mémoire, car je ne puis deux fois détacher un spectre de la même personne, ajouta la jeune Indienne d’un ton grave.

La figure évoquée prenait plus de précision, ébauchée sous l’eau par un pinceau mystérieux ; un éclair traversa la coupe, et Volmerange reconnut, à n’en pouvoir douter, la tête pâle et fine de Xavier.

Il poussa un cri d’étonnement et de rage ; le nuage laiteux remplit de nouveau la coupe, l’image se troubla et tout disparut.

— Dolfos ! un des membres de notre junte, poursuivit Volmerange atterré. Dolfos était le vrai nom de Xavier, qui n’était connu d’Edith que sous ce pseudonyme. Xavier, ou pour mieux dire Dolfos, ne pouvant prévoir cette scène d’hydromancie, avait cru ajouter ainsi à l’obscurité dont il avait enveloppé sa ténébreuse intrigue.

Priyamvada, qui ne paraissait nullement surprise de ce résultat prodigieux, reversa l’eau du Gange dans le vase où elle l’avait puisée.

— Maintenant, mon cher seigneur peut se venger s’il le veut, dit la jeune fille ; par mon art, je lui ai donné le signalement du coupable.

— Écoute, Priyamvada, rugit le comte en se