Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/216

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— Je crois que nous avons réussi, dit Sidney, autant qu’on peut être sûr d’une chose par la théorie.

— Il faudra l’essayer, répondit sir Benedict Arundell.

— Rien n’est plus facile, répliqua Sidney en frappant un coup sur un timbre placé près de lui

Suscité des profondeurs de la cambuse où il était en train de faire avec un ami des études comparatives sur la force spécifique de l’arack et du rhum, Jack apparut bientôt sur le seuil de la porte et attendit, en tournant son chapeau dans ses doigts, les ordres de sir Arthur Sidney.

— Apporte-nous une baille pleine d’eau, dit Sidney à Jack, qui, surpris de cet ordre bizarre, ne put s’empêcher de se faire répéter l’ordre.

— Votre honneur a bien dit une baille pleine d’eau ?

— Oui. Qu’y a-t-il là qui t’étonne ? répliqua Sidney.

— Rien, mylord ; je croyais avoir mal entendu, répondit Jack, et je cours chercher l’objet demandé.

Quelques minutes après Jack reparut, portant avec son ami Mack-Gill une cuve remplie, qui fut délicatement posée à l’entrée de la chambre.

Quand les deux matelots se furent retirés, Sidney prit délicatement la petite chaloupe et la posa sur l’eau avec le sérieux d’un enfant qui croit lancer un vaisseau de guerre dans une cuvette.

Chose singulière, le canot, au lieu de flotter, comme on devait s’y attendre, s’enfonça graduellement et s’engloutit sous l’eau de la baille, ce qui