Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/248

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N’ayant plus de poudre, Volmerange hachait à coups de sabre le crâne des soldats et des cipayes qui s’accrochaient aux oreilles de l’éléphant ou appuyaient le pied sur ses défenses pour monter à l’assaut de sa tour.

Enfin un cipaye, rampant sur le centre, parvint derrière la courageuse bête, et avec un sabre, affilé comme un damas, lui coupa le jarret ; l’éléphant s’affaissa sur le train de derrière, poussa un formidable hurlement, cassa, d’un coup de queue, les reins du cipaye, essaya de se relever et tomba sur le flanc.

Le corps de Priyamvada fut lancé hors du palanquin sur un tas de cadavres, ainsi que celui de Dakcha qui, par un hasard miraculeux, n’avait reçu aucune blessure. Volmerange s’était laissé glisser derrière un arbre dont il avait pris une branche pour se soutenir dans sa chute.

Un cheval sans maître passait par là. Il lui sauta sur le dos et lui mit les talons dans le ventre. Le cheval, qui était de la race Nedji, partit comme un trait.

Dakcha n’avait pas lâché sa touffe de cousa, et dit en reprenant son attitude : — Cette affaire a manqué parce que j’ai été trop sensuel ; j’aurais dû me mettre cinq pointes de fer dans le dos au lieu de trois ; cinq est un nombre bien plus mystérieux.

L’éléphant qui n’était pas mort, bien que tombé sur le flanc, chercha au loin avec sa trompe le corps de sa jeune maîtresse et le replaça pieusement sur sa housse de velours, après quoi il expira, car un soldat de la Compagnie lui avait enfoncé sa baïonnette dans la cervelle au défaut du crâne.