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CHAPITRE V.


À peu près à la même heure où Amabel mettait la dernière main à sa toilette, dans une autre maison de Londres, une autre jeune fille se revêtait aussi, mais lentement et comme à regret, de ses voiles blancs de mariée.

Elle était belle, mais d’une pâleur extrême ; d’imperceptibles fibrilles violettes marbraient ses paupières et accusaient des larmes récemment versées, dont le coin d’un mouchoir trempé dans l’eau fraîche n’avait pu faire disparaître complétement les traces ; sa bouche contractée essayait vainement un sourire ; les coins de ses lèvres remontés avec effort s’arquaient bientôt douloureusement. Une respiration saccadée et pénible soulevait son corsage, et quand la femme de chambre s’approcha d’elle pour poser sur son front la couronne de fleurs d’oranger, une légère rougeur couvrit ses joues décolorées.