Page:Gautier - Les Deux Etoiles.djvu/88

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tent les nuages du ciel et les brouillards de la terre, quand on a le soleil dans le cœur et l’azur dans l’âme !

Quand le couple sortit de l’église, un homme d’un costume délabré et d’une mine humble, qu’on pouvait prendre pour un pauvre honteux ou un solliciteur spéculant sur le contentement qui porte un heureux à en faire d’autres, tendit à M. de Volmerange une enveloppe cachetée qui paraissait contenir quelques papiers, une supplique probablement et des certificats à l’appui.

Volmerange prit le pli d’une main distraite et le mit dans sa poche sans regarder l’individu qui le lui tendait.

Edith, à l’aspect de cet homme, tressaillit, mais ne fit aucune observation.

Il était écrit là-haut que l’église de Sainte-Margareth ne verrait ce jour-là s’accomplir heureusement aucun mariage.

Benedict Arundell avait disparu.

Et vers le milieu de la nuit, dans la chambre nuptiale de Volmerange et d’Edith, un gémissement profond et douloureux avait retenti à travers le silence de la maison. Quelques domestiques l’avaient entendu ; mais nul n’avait osé pénétrer sans appel dans les mystères du thalamus. Était-ce le cri de la pudeur effrayée, la dernière résistance de la vierge à l’époux ?

C’est ce que nul ne put résoudre.

Seulement, le matin, comme aucun bruit ne se faisait entendre dans la chambre, qu’aucun coup de sonnette ne retentissait et qu’il était déjà plus de midi, l’on se hasarda à ouvrir la porte.

La chambre était vide !!!