Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/146

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Au surplus, ce que j’en dis ici n’est que pour excuser mon héros Rodolphe, avec lequel je vous prie de ne pas me confondre ; car j’en mourrais de honte, et n’oserais, de ma vie, rien faire de malhonnête à une honnête femme, ce qui me ferait passer pour un personnage bien indécent, et me perdrait nécessairement de réputation.

Je lui ai fait les représentations les plus vives sur ce sujet ; mais ce diable d’homme avait toujours des réponses à tout, et surtout de drôles de réponses, pour un homme passionné ; il est vrai qu’en ce temps-là il n’avait pas vingt et un ans, et se souciait assez peu d’avoir une tournure artiste.

— Mon ami cher, tu n’es qu’un imbécile. (Lecteur et lectrice, si l’épouvantable indécence de ce livre me permet d’en avoir une, ne croyez pas un mot de cela : j’ai beaucoup d’esprit, mais c’était la formule habituelle de Rodolphe, quand il entrait en conversation avec moi.) Il y a dans Maynard deux vers que voici à peu près :

C’est un métier de dupe
Que d’employer six ans à lever une jupe.

et qui contiennent en substance plus de raison et de philosophie que toutes les fadeurs platoniques et les sornettes sentimentales que tu me cornes incessamment aux oreilles.

La Mariette, à qui je n’ai jamais fait de madrigal ni dit un seul mot d’amour, m’accorde libéralement et du meilleur cœur du monde, ce qu’une femme