Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les puces dans une mauvaise cage de bois. Ainsi, après avoir levé la robe des convenances, le jupon de la pudeur et la chemise de la vertu, après avoir jeté là le corset, et les coussins d’ouate, et le d’haubersaert en bougran piqué, vous ne rencontrez, pour dédommagement de vos peines, qu’une maigre carcasse assez peu réjouissante… La première partie de la phrase est, je crois, d’Addison ; la seconde est certainement de moi ; mais, peu importe !

Alors vous faites la mine d’un perroquet qui vient de casser une noix creuse, et votre charmante vous jette les ongles aux yeux en vous appelant monstre ! c’est le moins.

Quant à moi, je suis paresseux, même en amour, et j’aime à être servi. Tout charmant qu’il soit, je n’achèterais pas ce plaisir par la moindre peine, et j’ai toujours méprisé les chiens qui font des gambades et sautent par-dessus un bâton pour avoir une tartelette ou une croquignole.

Ces sortes d’amants-là ne ressemblent pas mal aux portefaix qui montent un meuble par un escalier étroit. Celui qui est en bas supporte toute la charge ; l’autre qui ne porte rien, le gourmande d’en haut, et lui dit qu’il ne va pas assez vite et qu’il ne s’y prend pas convenablement ; bien heureux s’il ne lui lâche pas la commode sur les bras, et s’il ne le fait rouler, de marche en marche, jusqu’au milieu de la cour, aux dépens de sa tête et de son échine ! Rien de plus agréable au monde qu’une femme qui vous embrasse et vous tire vos bottes, qui