Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/177

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contenter, c’est facile, mon amour : approche ta tête.

rodolphe, au comble de la joie. — Je donnerais ma vie en ce monde et dans l’autre pour satisfaire le moindre de tes caprices.

madame de m***. — Pauvre ami !

(Elle appuie ses lèvres sur la joue de Rodolphe et la pince légèrement dans une tenaille de nacre, puis elle recule la tête, en riant comme une folle et frotte avec le dos de sa main la légère marque blanche que ses dents ont laissée.)

Rodolphe. — Bien, comme cela, ma lionne ; à mon tour !

(Il la mord au cou et pour tout de bon.)

madame de m***. — Aie ! aie ! Rodolphe ! monsieur, finissez donc, vous êtes enragé, vous oubliez toute convenance, et vous vous comportez d’une manière… J’en aurai la marque pendant huit jours, je ne pourrai pas aller décolletée de la semaine, et j’ai trois soirées !

rodolphe. — On pensera que c’est monsieur votre mari qui a fait le coup.

madame de m***. — Allons donc, ce que vous dites là est extrêmement ridicule et de la dernière improbabilité ; on sait bien que ces façons ne sont point celles des maris, et ils ne laissent guère de marques de ce genre. Je suis très-fâchée de ce que vous avez fait ; cela est vraiment inqualifiable.

(Rodolphe, atterré de cette sortie, prodigue à madame de M*** les caresses les plus tendres et tâche de