Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/181

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vous disais bien que vous vous amenderiez. Il n’y a que le beau qui soit beau, quoi qu’on en dise, et la langue de Racine est une langue divine. Votre M. Hugo est un garçon qui ne manque pas de mérite, il a des dispositions, personne ne lui en refuse ; la pièce qui a remporté le prix aux Jeux floraux n’était vraiment pas mal ; mais depuis il n’a fait qu’empirer ; aussi pourquoi ne veut-il pas parler français ? Que n’écrit-il comme M. Casimir Delavigne ! J’applaudirais ses ouvrages comme ceux d’un autre. Je suis un homme sans préventions, moi.

rodolphe, bleu de colère, et souriant avec une grâce inexprimable. — Certainement, M. Hugo a des défauts. (À part.) Vieil as de pique, je ne sais pas à quoi il tient que je ne te jette par la fenêtre, et sans l’ouvrir encore ! Dans quel guêpier me suis-je fourré ! (Haut.) Mais qui n’a pas les siens ? (À part.) Coquine de Cyprienne !

le mari. — Oui, tout le monde a les siens ; on ne peut pas être parfait.

madame de m***, à part. — Il n’y a rien de plus réjouissant au monde que la figure que fait en ce moment-ci le pauvre Rodolphe. En vérité, les hommes sont de piètres comédiens ; ils manquent totalement d’aplomb, et la moindre chose les démonte : les femmes leur sont bien supérieures en cela.

rodolphe. — Cependant, cette pièce, bonne ou mauvaise, a du succès : c’est une chose qui, je crois, ne peut être contestée.