Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/265

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rosette. — Embrassez-moi et caressez-moi tant que vous voudrez, cela m’est égal ; je suis ici pour cela ; mais, pour ce que vous dites, je n’y consentirai pas.

philadelphe, se dressant tant mal que bien sur ses pieds de derrière. — Messieurs, ne croyez pas que j’exige de cette auguste princesse quelque chose de monstrueux ; ne prenez pas, je vous en prie, une si mauvaise idée de mes mœurs. Je lui demande une petite faveur toute pastorale, et qui ne tire nullement à conséquence. Rien, moins que rien ; il ne s’agit que d’une bagatelle, c’est de me laisser mettre mes bottes sur sa gorge ; j’ai une autorité pour cela, et je suis dans mon droit : c’est moi qui fais Raphaël, et Rosette, Aquilina. Voici le passage dont je m’appuie ; vous jugerez vous-mêmes si j’ai tort : — Si tu n’avais pas les deux pieds sur cette ravissante Aquilina… C’est Émile qui parle à Raphaël  ; il n’y a pas à sourciller, c’est on ne peut plus formel.

différentes voix. — Il a raison, il a raison. Allons, Rosette, exécute-toi de bonne grâce.

rosette. — Me faire meurtrir la gorge et tacher ma robe pour satisfaire un pareil caprice, jamais !

un officieux. — Il ôtera ses bottes.

(Philadelphe ôte ses bottes : deux ou trois de ses camarades prennent Rosette et la couchent par terre. Philadelphe pose légèrement son pied dessus. Rosette crie, se débat, et finit par rire : c’est par où elle aurait dû commencer.)