Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux brutaux, qui n’avaient pas craint de dédoubler cette individualité charmante, faite de deux corps et d’une seule âme, et que je me répandis en invectives furibondes sur le prosaïsme du siècle et l’immoralité du mariage.

La tresse passa de mon cœur dans mon tiroir. Un mois après, je pris une maîtresse.

L’autre jour, Mariette a trouvé ce gage de tendresse en mettant de l’ordre dans mes papiers, et, voyant ces deux boucles, l’une blonde et l’autre brune, elle m’a cru coupable d’une double infidélité, et peu s’en est fallu qu’elle ne m’arrachât les yeux ; cela aurait été dommage, car c’est à peu près tout ce que j’ai de beau dans la figure, et les dames prétendent que j’ai un joli regard. J’ai eu toutes les peines du monde à la convaincre de mon innocence, et je crois qu’elle me garde encore rancune.

Ceci est l’histoire de mes amours de l’hiver dernier, et la raison pourquoi je suis admirateur des romans chinois.


1833.