Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/391

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pendant il pèse autant qu’eux. C’est M. de Balzac passé au laminoir.

On fait toujours payer trois places à Lablache dans toutes les voitures publiques ; si l’on veut essayer la solidité d’un pont nouveau, on y fait passer le célèbre virtuose. Il défonce tous les planchers de théâtre, et ne peut jouer que sur des parquets de madriers ou des massifs de maçonnerie ; son poids est celui d’un éléphant adulte.

M. Frédérick-Lemaître remplit très-exactement le pantalon rouge de Robert Macaire, et il ne paraît pas que les désagréments qu’il a éprouvés de la part des gendarmes l’aient beaucoup fait maigrir. Au contraire.

Byron, s’il n’était pas mort fort à propos, serait aujourd’hui fort gras ; on sait les peines qu’il se donnait pour éviter l’obésité, qui lui venait comme à un amoureux du Gymnase, car Byron ne concevait que les poëtes maigres et les muses impalpables suçant un massepain tous les quinze jours : il buvait du vinaigre et mangeait des citrons, le naïf grand poëte et grand seigneur qu’il était.

M. Sainte-Beuve commence à voir pousser, sous le poil de chèvre mystérieux de son gilet, l’abdomen le plus rondelet et le plus satisfaisant. Ô Joseph Delorme du creux de la vallée, qu’êtes-vous devenu ? M. Sainte-Beuve est un grassouillet quiétiste et clérical qui promet beaucoup.

Eugène Sue, qui partage les idées de Byron, se désole de voir son génie lui tomber dans l’estomac.