Page:Gautier - Lettre à la présidente, voyage en Italie. 1850.djvu/30

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Quelques jours auparavant, nous avions rencontré, sur la place St. Marc, un ruffian qui nous proposait des téguments en baudruche ; à quoi nous répondîmes que nous étions nous-mêmes des négociants en intestins de mouton, et que le moindre con ferait mieux notre affaire. Cet animal nous promit que, le soir, il nous trouverait des étuis à pine, des moules à redingotes. C’est-à-dire des putains idéales, genre magique, des Paul Véronèse, des Titiens découpés, dans les prix doux. Le soir, il se mit en marche d’un pas affairé et mystérieux ; nous le suivîmes discrètement ; il s’enfonça dans un dédale de ruelles inextricables et dans une succession de coupe-gorges variés ; nous hâtons le pas, et alors, commence à travers les rues de Venise, qui ont deux pieds de large, une course échevelée à la manière de la patrouille turque de Decamps. Les basques de nos paletots volaient au vent, et