Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la barrière en sortant du toril ; le troisième, de don Saturnino Ginès, doué d’une grande vitesse et d’une extrême légèreté, franchit les tables à trois reprises ; voilà les incidents les plus marquants de cette course matinale. Bêtes et gens avaient l’air de peloter en attendant partie, et, comme l’heure avançait, on abrégeait beaucoup les formalités, et, au bout de quelques minutes, l’épée apparaissait secouant sa muleta écarlate.

Après une heure d’interruption dans le spectacle, heure employée à promener le râteau à travers la place, à jeter de la poussière sur les mares de sang, les gradins et les balcons se garnirent d’une nouvelle foule, plus compacte, plus gaie et plus brillante encore que la première.

À trois heures, Leurs Majestés et Leurs Altesses arrivèrent ; la reine, le roi et son auguste père, vêtus, ainsi que les princes français, en habit bourgeois, se placèrent au milieu du balcon, sous le dais ; la reine mère, l’infant don Francisco occupaient la droite ; l’infante doña Luisa-Fernanda et le duc de Montpensier, les infantes, filles de l’infant don Francisco, et le duc d’Aumale, la gauche ; par derrière se tenaient les ministres, le duc de Rianzarès, et, chose assez extraordinaire, le patriarche des Indes.