Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et lut entre ses dents : « F…, chef-lieu de canton, douze mille habitants, climat sain ! » — Eh bien ! quand veux-tu partir ?

— Demain ; il n’y a plus un chat à Paris, et on y étouffe.

— Tu seras prête ?

— Oui, Jeanne va finir mes malles ce soir. Nous partirons demain à deux heures.

— C’est bien décidé, nous allons à F…

— À F… d’abord ; à Trouville ensuite.

— C’est bon, c’est bon, dit M. Provot, en prenant son chapeau ; je te laisse, ma petite Lucienne. Je vais faire mes paquets, moi aussi.

Et, après l’avoir embrassée, il s’en alla.

Une fois seule, Lucienne s’étira les bras, bâilla longuement, puis chercha sa pantoufle perdue dans les plis de son peignoir. Quand elle l’eut trouvée, elle se leva, souleva la lampe avec effort, et entra dans sa chambre à coucher.

Là elle se laissa tomber dans un fauteuil, devant un secrétaire Louis XV dont la planchette était abaissée, avec la vague intention de mettre ses papiers en ordre.

Elle tira à elle un tiroir et regarda d’un œil distrait les paperasses qui s’en échappaient ; c’était un mélange de factures acquittées, de prospectus, de lettres, de billets de théâtre non utilisés.

Lucienne remua tout cela à poignées, avec un certain effroi du travail qu’elle allait entreprendre.