Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/276

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— Oui, mais vous savez que je ne suis pas tout à faire pauvre et que probablement je doterai l’enfant.

— Je l’épouserai sans dot aucune.

— Tant pis ! mon garçon, j’eusse préféré que l’intérêt seul vous guidât, car vous vous seriez plus aisément consolé de l’échec. Je dois vous apprendre que mademoiselle Perrauld est fiancée.

— Alors, il n’y a pas d’espoir pour moi, je le comprends. Je dois me retirer sans murmurer et tâcher d’oublier si je le puis, dit M. Félix, qui laissa tomber ses bras le long de son corps et regarda fixement le plancher.

— Allons, un peu de courage, soyez homme, que diable ! Vous n’en mourrez pas.

— Vous avez raison, monsieur, je dois dévorer ma douleur ; et il ne me reste plus qu’à m’excuser de vous avoir dérangé.

— Eh bien, Lucienne, tu as entendu ? dit M. Lemercier quand le jeune homme fut parti.

— Ah ! père ! s’écria-t-elle en courant à lui ; je suis donc digne d’être épousée ?

— Tu le vois.

— Oui, mais s’il savait quelle femme j’ai été ?

— Chut ! dit le marin, ne parlons pas des morts.