Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parfaitement pourquoi il n’est pas venu. Oui, oui, il faut que je voie, il faut que je sache.

Elle marchait toujours, cherchant sous quel prétexte elle pourrait bien revenir chez Adrien.

Elle passa devant la boutique d’une modiste.

— Ah ! c’est cela ! dit-elle.

Et elle entra acheter plusieurs chapeaux qu’elle fit mettre dans un carton ; elle prit aussi un voile épais dont elle se couvrit le visage, puis elle retourna cours Boïeldieu.

Ce fut la jeune bonne qu’elle avait vue lors de son premier voyage à Rouen, qui vint lui ouvrir.

— Mademoiselle Jenny Després ? demanda Lucienne.

— Mademoiselle est sortie, dit la bonne ; mais madame est là.

— Je parlerai à madame.

Alors, la jeune bonne s’éloigna, puis revint.

— Voulez-vous monter, mademoiselle ? dit-elle.

Lucienne la suivit au premier étage et entra dans un joli boudoir. Là, elle vit, étendue à demi sur une chaise longue, une femme qu’elle ne connaissait pas. Elle était jeune, peu jolie, mais gracieuse et élégante. Elle brodait un petit bonnet d’enfant.

— Vous voulez me vendre quelque chose peut-être ? dit-elle en faisant signe à Lucienne d’approcher.

— Des chapeaux, répondit-elle d’une voix étranglée.