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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

l’âme. — Elle est pleine de grâce et de candeur ; elle t’aime comme savent aimer ces âmes-là. — Tu n’as pas cherché si l’or de ses cheveux se rapprochait pour le ton des chevelures de Rubens et du Giorgione ; mais ils t’ont plu, parce que c’étaient ses cheveux. Je parie bien, heureux amant que tu es, que tu ne sais seulement pas si le type de ta maîtresse est grec ou asiatique, anglais ou italien. — Ô Silvio ! combien sont rares les cœurs qui se contentent de l’amour pur et simple et qui ne souhaitent ni ermitage dans les forêts, ni jardin dans une île du lac Majeur.

Si j’avais le courage de m’arracher d’ici, j’irais passer un mois avec vous ; peut-être me purifierais-je à l’air que vous respirez, peut-être l’ombre de vos allées jetterait-elle un peu de fraîcheur à mon front brûlant ; mais non, c’est un paradis où je ne dois pas mettre le pied. — À peine doit-il m’être permis de regarder de loin, et par-dessus le mur, les deux beaux anges qui s’y promènent la main dans la main, les yeux sur les yeux. Le démon ne peut entrer dans l’Éden que sous la forme d’un serpent, et, cher Adam, pour tout le bonheur du ciel, je ne voudrais pas être le serpent de ton Ève.

Quel effroyable travail s’est-il donc fait dans mon âme depuis ces derniers temps ? qui a donc fait tourner mon sang et l’a changé en venin ? Monstrueuse pensée, qui déploie tes rameaux d’un vert pâle et tes ombelles de ciguë dans l’ombre glaciale de mon cœur, quel vent empoisonné y a déposé le germe dont tu es éclose ! C’était donc là ce qui m’était réservé, voilà donc où devaient aboutir tous ces chemins si désespérément tentés ! — Ô sort, comme tu te joues de nous ! — Tous ces élans d’aigle vers le soleil, ces pures flammes aspirantes du ciel, cette divine mélancolie, cet amour profond et contenu, cette religion de la beauté, cette fantaisie si curieuse et