Page:Gautier - Portraits et Souvenirs littéraires, 1875.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
GÉRARD DE NERVAL.

conversation charmante, car demeurer en place était pour lui un supplice ! Son esprit ailé entraînait son corps, qui semblait raser la terre.

On eût dit qu’il voltigeait au-dessus de la réalité, soutenu par son rêve.

Nous l’avions connu à Charlemagne, déjà célèbre sur les bancs du collège comme auteur des Élégies nationales, qui promettaient, disaient les professeurs, un émule à Casimir Delavigne, la grande gloire du moment. C’était alors un jeune homme doux et modeste, rougissant comme une jeune fille, se dérobant volontiers à la curiosité admirative de ses condisciples, tout fiers d’avoir un camarade imprimé et dont on parlait dans les journaux. Il avait le visage d’un blanc rosé, animé d’yeux gris où l’esprit mettait son étincelle dans une douceur inaltérable. Son front, que laissaient voir très-haut de