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PORTRAITS ET SOUVENIRS LITTÉRAIRES.

Rogier, qui dessinait de très-fines illustrations pour les Contes d’Hoffmann, et gagnait assez d’argent pour s’acheter des bottes à l’écuyère et des habits de velours nacarat, sur lesquels s’étalait sa magnifique barbe rousse, objet de notre envie, ayant à faire des dessins pour les Mille et une Nuits, partit en Orient, où il resta, et devint directeur des postes à Beyrouth. Réduite à trois, l’association se transporta rue Saint-Germain-des-Prés. Nous faisions notre cuisine nous-mêmes. Arsène Houssaye excellait dans la panade ; nous, dans la confection du macaroni. Gérard allait, avec l’aplomb le plus majestueux, chercher de la galantine, des saucisses ou des côtelettes de porc frais aux cornichons chez le charcutier voisin, car on s’imagine bien que notre livrée n’était pas nombreuse. Nous vivions ainsi de la façon la plus amicale, et ce sont les