Page:Gautier - Portraits et Souvenirs littéraires, 1875.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
PORTRAITS ET SOUVENIRS LITTÉRAIRES.

polies, un ton meilleur, un langage plus réservé, et ne se montra plus parfait gentleman. Seulement, les louis lui causaient une sorte de malaise et semblaient lui brûler les mains ; il ne redevenait tranquille qu’à la dernière pièce de cinq francs.

Nous avons tout à l’heure touché en passant un point délicat de la vie de Gérard sur lequel, malgré son amitié pour nous, il ne s’expliqua jamais formellement ; car c’était une âme discrète et pudique, rougissant comme Psyché, et, à la moindre approche de l’amour, se renfermant sous ses voiles. Nous voulons parler de sa passion pour une cantatrice célèbre alors dont nous tairons le nom, puisque son adorateur ne l’a jamais écrit. Cette passion très-réelle a passé pour chimérique. Beaucoup d’entre nous en ont douté, car Gérard était un étrange amoureux.