Page:Gautier - Portraits et Souvenirs littéraires, 1875.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
GÉRARD DE NERVAL.

sion de lui-même, et racontait, avec une éloquence et une poésie merveilleuses, ce qu’il avait vu dans ces hallucinations, mille fois supérieures aux fantasmagories du haschich et de l’opium. Il est bien regrettable qu’un sténographe n’ait pas reproduit ces étonnants récits, qu’on eût pris plutôt pour les rêves cosmogoniques d’un dieu ivre de nectar que pour les confessions et les réminiscences du délire.

Nous l’avons déjà dit et nous ne saurions trop le redire, quel que fût l’état d’esprit où il se trouvait, jamais son sens littéraire ne fut altéré. À cette époque que nous venons d’indiquer se rapporte une suite de sonnets mystagogiques qu’il fit paraître plus tard sous le titre de Vers dorés, et dont l’obscurité s’illumine de soudains éclairs comme une idole constellée d’escarboucles et de rubis dans l’ombre d’une crypte. Les