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GÉRARD DE NERVAL

démonologie orientale. La mélancolie tourne au désespoir, la fatigue à l’accablement. On entre dans cette période que les illuminés appellent le capharnaüm. La lampe, prés de s’éteindre, ne jette plus que des lueurs intermittentes, éclairant à demi des fantômes grimaçants et des chimères monstrueuses qui, d’un ton somnolent, murmurent des choses oubliées, incompréhensibles ou vaguement effrayantes. On sent que le dénoûment approche et que ce dénoûment sera fatal.

En effet, avec un cordon qu’il prétendait avoir été la propre jarretière de la reine de Saba, le malheureux Gérard de Nerval termina ses angoisses, et le dernier objet qu’entrevirent ses yeux mourants fut ce corbeau qui lui était déjà apparu sur le pont du navire, quand il allait de Beyrouth à Saint-Jean d’Acre pour demander la