Page:Gautier - Portraits et Souvenirs littéraires, 1875.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par une plume d’or, hélas ! vous ne vous renouvellerez plus : mais ceux qui ont été admis à ces charmantes fêtes de l’esprit ne les oublieront jamais ; l’exil s’en est souvenu, et ces vers ont partis de Jersey pour venir s’abattre sur le marbre funèbre :


Jadis je vous disais : « Vivez, régnez, madame ;
Le salon vous attend, le succès vous réclame !
Le bal éblouissant pâlit quand vous partez !
Soyez illustre et belle, aimez, riez, chantez !
Vous avez la splendeur des astres et des roses !
Votre regard charmant où je lis tant de choses
Commente vos discours légers et gracieux.
Ce que dit votre bouche étincelle en vos yeux.
Il semble quand, parfois, un chagrin vous alarme,
Qu’ils versent une perle, et non pas une larme,
Même quand vous rêvez, vous souriez encor.
Vivez, fêtée et fière, ô belle aux cheveux d’or ! »
Maintenant, vous voilà pâle, grave et muette,
Morte et transfigurée, et je vous dis : « Poëte !
Viens me chercher ; archange ! être mystérieux !