Page:Gautier - Portraits et Souvenirs littéraires, 1875.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un des plus beaux siècles littéraires de la France, et, au milieu de ce bouquet, éclatant avec un fracas lumineux, cette bombe à pluie d’argent fut moins remarquée qu’elle ne le serait aujourd’hui dans notre ciel vide et noir.

Les premiers vers de ce poëme, qui est un roman et dont les chants sont des chapitres, contiennent un portrait qui ressemble au moins autant à madame Émile de Girardin qu’à l’amie qu’elle veut peindre.


Elle était mon amie, — et j’aimais à la voir
Le matin exaltée et moqueuse le soir ;
Puis tour à tour coquette, impérieuse et tendre,
Du grand homme et du sot sachant se faire entendre ;
Sachant dire à chacun ce qui doit le ravir,
Des vanités de tous sachant bien se servir ;
Naïve en sa gaîté, rieuse et point méchante,
Sublime en son courage, en sa douleur touchante,
Ayant un peu d’orgueil peut-être pour défaut,
Mais femme de génie et femme comme il faut.