vivre enfermé dans ce monde de l’art ; il veut voir un peu de ciel, un peu de terre, un peu de verdure qui ne soient pas peints.
Tout cela est pour vous dire qu’ayant passé stoïquement à Paris tout ce bel été, devant notre pupitre, à faire des articles sur le Salon, nous n’avons pas eu le courage de résister à la fantaisie d’aller faire un tour là-bas au delà du Rhin, au risque de faire attendre un peu les paysagistes, les peintres de bataille et les statuaires, qui nous restent à juger. Vous nous le pardonnerez sans doute.
En ce temps de chemins de fer, le voyage existe-t-il encore ? Vous partez, et vous êtes arrivé. Pas d’incident, pas d’aventure, pas de caprice possibles. On a les sensations d’une malle. La ressource de l’ancien touriste aux abois — l’attaque de voleurs — vous manque totalement ; encore une industrie pittoresque qui se perd ! Arrêtez donc un convoi le pistolet à la main, et demandez à une locomotive la bourse ou la vie ! Les terreurs nocturnes dans les auberges sinistres vous font défaut également puisqu’on ne couche pas ; vous ne pouvez même geindre sur la dureté de la voiture : un excellent fauteuil voltaire vous entoure de ses bras capitonnés et vous provoque au sommeil. Cependant les