Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étincelant de lumières que répercutent des glaces de Venise aux riches bordures, tout azuré et tout fleuri par les ciels, les amours et les bouquets de Voillemot, dont jamais la palette ne fut plus fraîche.

C’est dans cette délicieuse bonbonnière que se joue, devant un parterre où les princes et les grands-ducs ne dédaignent pas de s’asseoir, la jolie petite pièce de M. Achard.

La comédie de M. Amédée Achard ne prend pas, comme on dit aujourd’hui, la société corps à corps ; elle ne s’attaque à aucun préjugé et ne déracine aucun abus ; sa seule prétention est d’être amusante et spirituelle, et, disons-le, elle y réussit. C’est une histoire qui se passe pendant les plus folles et les plus riantes années du règne de Louis XV. Elle est en poudre, habillée de soie et porte l’épée ; mais, grâce au ciel, on n’y voit aucun personnage historique. Pour la mener jusqu’au bout, il suffit de quatre personnages : le marquis d’O, le vicomte de Morsan, la marquise d’O et Geneviève.

Ce marquis d’O est un terrible homme : sa réputation va du boudoir le plus élégant à la boutique la plus simple ; il parlait comme le duc de Richelieu, il agissait comme le duc de Lauzun ; le mariage ne fut pour