Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/232

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méditées pour faire ressortir leurs avantages, et de grâces de Célimène à faire envie au Théâtre-Français.

Les amants en pied, les attentifs et les simples galants venaient rendre leur visite à la calèche de leur choix, comme on va voir dans sa loge une femme à l’Opéra, et causaient debout sur le marchepied.

C’est là que se décide l’emploi de la soirée, que s’imaginent les expédients, et que s’arrangent les rendez-vous, sans beaucoup de précaution ni de mystère ; car nous n’avons guère trouvé de vestige de cette féroce jalousie italienne, si célèbre dans les mélodrames et les romans.

Les cavaliers se mêlent aussi à la conversation, du haut de leurs bêtes fringantes, qu’ils maintiennent en les excitant pour leur faire exécuter des courbettes, prouesses sans péril qui vous posent toujours un peu en héros aux yeux de la femme aimée.

Pendant ce temps-là, les bouquetières courent d’une voiture à l’autre ou assaillent au passage cavaliers et piétons avec leurs corbeilles aussitôt vidées que remplies. Elles pratiquent à la lettre la recommandation de Virgile :

…Manibus date lilia plenis.

Elles ont même l’air de les donner, quoiqu’elles les