Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celui que Van Dyck a placé dans son portrait d’Henriette d’Angleterre.

Un cavalier, roide comme un pieu, irréprochable de tenue, gentleman frotté de dandy, monté sur un cheval de sang bai cerise, luisant comme du satin, les guides rassemblées dans sa main, le pommeau de son stick entre les lèvres, se tenait près de la voiture de l’air le plus ennuyé et le plus splénétique du monde ; il semblait ruminer un madrigal qui n’arrivait pas et qu’attendait la jeune femme avec une indulgente distraction.

Non loin de là causait avec un Sicilien une autre Anglaise d’un type tout différent, presque italianisé et doré par le tiède soleil de Florence ; une figure intelligente et fine, un beau front uni sous des cheveux noirs, une taille fluette pouvant porter la robe de la femme et le gilet de l’amazone ; espèce de Clorinde délicate, d’ange douteux, entre la jeune fille et l’éphèbe, de l’espèce de ceux dont mademoiselle de Fauveau aime à faire se déployer l’aile au-dessus de quelque bénitier de style moyen âge.

Une main de reine, un bras magnifique que le moulage a rendu célèbre nous fit reconnaître, au fond d’une voiture, une de nos anciennes amies parisiennes qui