Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/353

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tranchées à ciel ouvert, viaducs et tunnels, remblais, ponts suspendus, des ouvrages fabuleux. — Vous coupez tous les chemins, et vous passez sur les charrettes ; le dessus ou le dessous des ponts, tout vous est égal. Le chemin de fer n’entend pas raison ; il ne pense qu’à une chose : arriver. S’il rencontre une montagne, il la coupe en deux ou la perce à jour ; il enjambe les rivières et va toujours son train. — Il y a une ballade de Burger qui a pour refrain :

Les morts vont vite, vont vite par le frais !

Les vivants vont aujourd’hui plus vite que les morts de la ballade allemande.

La traversée du parc de Saint-Cloud est une promenade des plus pittoresques.

Avant d’y arriver, un panorama délicieux passe devant vous, — comme une décoration d’opéra ; — ce sont des collines bleuâtres, des vallées où miroite la gaze d’argent du fleuve, des plaines zébrées et plaquées de cultures, des bouquets d’arbres, des maisonnettes aux couleurs vives et tranchantes, qui ressemblent à ces villages de bois que l’on donne pour étrennes aux enfants.